La pierre du slasher de la sororité
Comme l'a dit un grand homme en 1994 : "ça va couper chérie"
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Merci d’être là pour ce tout premier numéro ! Terreurs Nocturnes c’est une newsletter sur le cinéma de genre et d’horreur, qui se permet quelques digressions à l’envie vers les séries TV ou la littérature.
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The House on Sorority Row
Pur produit de son époque puisque sortie en 1982 (période particulièrement faste pour le film d’horreur, on aura l’occasion d’y revenir en longueur), l’œuvre de Mark Rosman suit à la lettre les préceptes de la grande tradition du slasher. On y retrouve tous ses codes, et même si le film n’est pas particulièrement inventif ou mémorable, en dire quelques mots me paraissait intéressant.
L’occasion était trop belle pour ne pas lister tous les ingrédients du slasher. Car peut-être que cet anglicisme barbare ne vous dit rien, et c’est normal.
Un slasher donc est un genre bien particulier de film d’horreur. Il lui faut :
Un lieu. Les deux catégories les plus courantes étant les camps d’été (The Burning, Friday the 13th…) ou les campus universitaires (Scream 2…).
Un tueur. Il a souvent un problème parental ou lié à l’enfance, ce qui déclenche sa folie meurtrière. Le tueur (guère souvent la tueuse), se cache habituellement derrière un masque (dont certains, comme celui de Jason ou de Michael Myers sont devenus cultes).
Une arme blanche. Pas d’armes à feu dans les slashers, mais uniquement des couteaux, des harpons, des machettes. Bref, un équipement pour que les meurtres se passent au contact. Logique : ce sont les moments-clés du film, avec une mise en scène souvent gore.
Des victimes. Ce sont souvent des femmes, jeunes et jolies, et plus rarement des hommes (le but affiché étant la nudité, volontiers gratuite). Mais tout ce beau monde a un point commun : il ne se rend compte de rien.
Une final girl. Femme forte du slasher, elle comprend rapidement que quelque chose cloche et sera la seule survivante à confronter le tueur.
Et dans The House on Sorority Row, il se passe quoi ?
Le pitch a le mérite d’être plutôt original, puisque pour une fois il laisse quasiment à la porte tous les personnages masculins, pour se concentrer sur des étudiantes. Présentées comme indépendantes, elles ont une idée bien définie de leur avenir et de leur carrière, et sont sexuellement actives (ce qui, évidemment, sera l’occasion de mettre leurs corps en valeur, réalisateur masculin et slasher oblige). Le lieu, une maison de la sororité (équivalent d’une colocation géante typiquement américaine, supervisée par une femme plus âgée, ici Ms. Slater) où habitent toutes ces étudiantes. Suite à une mauvaise blague qui tourne mal (elle implique une arme à feu, ce qui n’est jamais bon signe), le couteau de la vengeance va s’abattre sur ces filles. Elles n’en réchapperont pas toutes.
Si vous êtes venu pour le gore ou une mise en scène macabre des meurtres, vous risquez d’être déçus. Avec le manque de budget (une caractéristique du genre que l’on peut rajouter à notre liste) et la volonté du réalisateur, plutôt adepte du thriller, la plupart des crimes ont été tournés hors-champ. A l’origine, il était prévu que le studio rajoute des effets visuels lors de la post-production, une idée qui a finalement été abandonnée. Sans doute pour le mieux. La sobriété est donc de mise, avec une faible quantité d’hémoglobine. Si l’on excepte la découverte mémorable d’un corps, qui orne d’ailleurs la jaquette de la nouvelle édition sortie par Extra-Lucid Films.
Si la structure du film ne surprendra pas celui qui a déjà vu un slasher dans sa vie, on peut néanmoins être surpris par le twist qui, si son importance reste moindre, a le mérite d’exister et de nous obliger à repenser aux indices disséminés ça et là.
On est donc en terrain connu, mais The House on Sorority Row est un bon film d’horreur. On parcourt un chemin tout tracé, on sait où on met les pieds, ce qui nous laisse le loisir d’apprécier les quelques surprises (notamment la fin modifiée par le studio qui n’appréciait pas celle, beaucoup plus sombre, de Mark Rosman) et les personnages plutôt attachants.
La musique est elle plutôt discrète, malgré un thème principal agréable. Il reste (très) facilement dans la tête, même plusieurs jours après. Je me suis senti obligé de le réécouter avant de le copier ici, mais je ne regrette rien.
Des pierres et des meurtres
Entre deux tables surmontées d’ordinateurs tout droit sortis d’un film des années 90, une porte. En passant le seuil, on découvre une salle d’environ 30m2, qui vaudrait probablement un évanouissement immédiat à un claustrophobe. Des livres, partout. A même le sol, dans des caisses, dans un évier ou sur des étagères qui semblent au bord de la rupture. Pour s’y retrouver, des panneaux sur lesquels une main tremblante a écrit au feutre différents genres littéraires. A coups d’épaules et d’excuses, je parviens à me frayer un chemin jusqu’à l’étagère science-fiction. Maigre consolation, à peine une dizaine d’ouvrages sont là.
Parmi eux, un exemplaire corné et rabougri de Pierre de Lune par James Herbert. Auteur anglais reconnu d’horreur, j’avais déjà eu la chance de lire son Fog (rien à voir avec le film de John Carpenter, mais plus palpitant à mon goût). Le titre promettait de l’épouvante, avec en couverture un cimetière éclairé par une lune blafarde. Au dos, un texte monstrueux : “Et soudain, cette horrible vision, oubliée depuis trois ans : une créature obèse, semi-humaine, sortant un petit cadavre de son cercueil pour le découper, en extraire le cœur et s'en repaître à la lueur de la lune.” Que voulez-vous, il fallait que je me le procure.
Finalement, on est plus à mi-chemin entre une romance et un thriller psychologique (un médium, une enquête de police) avec quelques éléments paranormaux. Le livre est très verbeux, surtout avec ses dialogues qui s’éternisent et en deviennent faux. Ou avec ces descriptions qui, parfois saisissantes de réalisme et de cruauté, deviennent à d’autres moments absurdes, avec un abus de détails grotesques. J’étais parfois à quelques mots de sauter certains passages pour me sortir de cet ennui.
Ne soyons pas de mauvaise foi, on ne peut quand même pas enlever à Pierre de Lune quelques bons moments de suspens et de terreur, et on reste accroché jusqu’à la dernière page pour savoir qui est ce monstre.
C’est tout pour cette-fois-ci, mais si vous avez des recommandations, vous pouvez toujours les partager dans les commentaires de la publication. Merci de m’avoir lu, et à la prochaine !