DCeased : vie et morts du super héros
Vous vous rappelez la fin du monde prévue en 2012 ? On y est, là, maintenant, tout de suite.
À ma gauche, l’une des figures de la pop culture les plus en vogue ces dernières années, le super-héros. À ma droite, un autre phénomène, le zombie.
Qui n’a jamais rêvé de voir de ses propres yeux la fracassante rencontre entre les deux ? Ce fantasme, créateur de gros sous pour les éditeurs, a déjà comblé par Marvel avec la bien-nommée Marvel Zombies. Et plus récemment chez la concurrence grâce à DCeased chez DC Comics.
Ce récit complet, qui tient en un peu plus de 240 pages, a pour principal avantage et inconvénient d’être, justement, un one-shot. Si cela permet au scénariste Tom Taylor une immense liberté, y compris celle d’envoyer six pieds sous terre de nombreux héros et héroïnes, il rend aussi le récit un peu impersonnel. Car pour peu que l’on soit un lecteur plus ou moins régulier des titres de la maison DC comics, on sait qu’ici la continuité n’existe pas, et qu’une fois l’album refermé, l’histoire mourra avec lui.
Personnellement c’est ce qui me plaît dans cet univers : savoir que les évènements et leurs conséquences auront des répercussions non pas seulement à l’instant où je les découvre mais bien après, parfois sur plusieurs titres.
Côté dessin aussi, tout est affaire de sensibilité. Si je n’ai pas de peine à accrocher à la plupart des planches, la flopée de dessinateurs aux styles bien tranchés, même s’il renouvelle l’intérêt au fil des pages, rend l’ensemble assez incohérent, ce qui a tendance à me déconcentrer. Mais il n’en sera peut-être pas de même pour vous !
Les quelques couvertures alternatives disponibles dans les dernières pages en guise de bonus sont particulièrement sublimes. Nombreuses sont celles qui font des références à des éléments de pop culture, ce qui demande un regain d’attention pour toutes les comprendre.
La véritable originalité du titre se situe dans son scénario. Pour notre plus grand bonheur, le cliché qui consiste à attribuer l’infection mortelle à un virus n’est ici pas réutilisé. Tom Taylor y préférant sa contrepartie plus “moderne”, à savoir une maladie qui se transmet par l’informatique (sans que l’on comprenne bien comment), puis par le sang. Ce changement accroît le sentiment de stress... après tout, n’êtes-vous pas, vous aussi, en train de lire ces lignes sur un écran ?
Plus la lecture avance, plus l’étau se referme autour de nos héros, qui deviennent de potentiels dangers pour l’humanité et voient leurs proches, qu’ils soient dotés ou non de pouvoirs, mourir les uns après les autres. Leurs réactions sont crédibles, et le scénariste ne se prive pas pour exposer toute la cruauté de la situation. On ne peut que ressentir un pincement au cœur lorsque nos héros préférés disparaissent abruptement de la surface de la Terre.
Les épisodes proposent une belle et progressive montée en gamme. Le chapitre final est excellent et conclut l’épopée de manière dantesque avec des combats à mort que seuls les fans ont déjà pu entrevoir ans leurs rêves les plus absurdes. Pas de concession : ici on se bat pour sa survie avec toute la violence nécessaire.
Avec une bonne quantité de personnages principaux et secondaires, le casting tient toutes ses promesses. Ce qui me permet de signaler que l’expérience est probablement amoindrie lorsque l’on est novice de l’univers et sans aucune idée de l’identité des protagonistes.
À conseiller donc plutôt aux connaisseurs, aux fans, ou aux amateurs de sang frais avertis qui veulent découvrir les comics. Le récit peut se révéler une porte d’entrée sympathique.
Une fois n’est pas commune, je vous propose de nouveau aujourd’hui quelques petits conseils en vrac :
The Wolf of Snow Hollow, film de loup-garou contemplatif, lent, façon Sundance, qui laisse beaucoup de place à son personnage principal, à ses faiblesses et imperfections. Malgré une réalisation assez fainéante et des plans montagnes dont on se passerait bien, la formule fonctionne vraiment bien. Notamment grâce à l’accompli duo d’acteurs composé de Jim Cummings (Thunder Road) et Riki Lindhome (Under The Silver Lake, À couteaux tirés, La Dernière Maison sur la gauche).
Organes Vitaux, mon livre du moment. Un polar écrit par Elsebeth Egholm et mettant en scène une journaliste danoise. Addictif, glauque et dérangeant. Je vais bientôt avoir atteint la moitié, et vu le nombre de pages qu’il me reste à lire je suis assez curieux de savoir quelles surprises il peut encore me réserver.
These Savage Shores, chez HiComics. Dernier arrivée sur le marché du comics en France, l’éditeur a déjà réussi à faire son nid grâce à la qualité de son catalogue. Dans ce titre, tout se mélange, à mi-chemin entre l’horreur, le fantastique, et le drame historique. L’histoire se déroule en 1766, pendant les heures les plus sombres de la colonisation et offre à notre regard vampires, démons et créatures mythiques. La narration est sans égal, généreuse, le ton à la fois prenant et sensible, et les planches sont fabuleuses. Un très gros coup de cœur, et ce que le comics indépendant peut nous offrir de mieux !
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