Elle était là. Elle attendait sagement dans son coin. Sans bruit. Incomplète, si ce n’est quelques brides de phrases copiées au fil de l’année. Deux-trois idées glanées çà et là, mais sans que je n’ai jamais le courage de lui rendre visite. Histoire, quand même, de réécrire tout ce bazar et de le rendre (au moins un peu) plus digeste.
Il était temps de revenir 1 an plus tard, sans prévenir. Admettons : je n’ai sans doute aucune bonne justification à donner (voire aucune explication tout court d’ailleurs), et qui s’en préoccupe ? Pas moi, ni vous. Ce que vous voulez, c’est de l’horreur, du gore, du frisson. Et ça, j’ai.
Séries & cinéma… qu’est-ce qui m’a marqué cette année niveau horreur ?
Au cinéma
Malignant
Difficile de commencer par un avis plus conventionnel : j’aime James Wan. J’aime ce qu’il a fait avec Conjuring (surtout le premier) ou la saga Saw (avant qu’il n’en perde le contrôle). Plus le temps passe, plus j’ai l’impression de percevoir l’empreinte de sa patte, de sa vision sur tout (ou partie) des œuvres horrifiques des années actuelles. Un peu comme Scream en son temps et la profusion jusqu’au trop-plein de meta-shlashers.
À ma sortie de la séance de Malignant, j’avais tweeté avec plein d’entrain, tapotant à la va-vite, en marchant, sur mon téléphone.
Et si je reste en grande partie d’accord avec ce que j’ai écrit alors, je ne peux pas m’empêcher d’y voir au final quelque chose de bien moins vulgaire et potache qu’on pourrait le croire. Toxicité masculine, séparation, manipulation… sous ses airs de séries B un peu irréfléchie, Malignant a des choses à dire, sans renier ni la forme ni le fond.
Last Night in Soho
Autre film, autre déclaration qui ne risque pas de m’attirer des problèmes : j’admire du travail d’Edgar Wright (j’y reviendrais avec une autre recommandation). Savoir qu’il allait s’attaquer à l’horreur pure, c’était un mélange d’appréhension et de curiosité.
Non, Last Night in Soho n’est pas exempt de défauts, loin de là. En particulier, parce que j’ai du mal à comprendre cette romance superficielle, ou les choix qui mènent à une fin bien inégale et contestable qui peut laisser un goût amer.
Et pourtant. Pourtant quelle virée. Rarement (et pas seulement en 2021), un film m’aura laissé face à autant d’émotions. Plus qu’avec aucune autre de ses œuvres, Edgar Wright semble être arrivé à une maturité qui se voit dans tous les aspects de Last Night in Soho. L’alchimie entre les deux actrices principales, la musique (son omniprésence, toujours), les lumières, les décors… Sous le postulat assez basique du voyage dans le temps, c’est tellement d’aspects, de couleurs, de sons, d’idées, d’intrigues qui s’entrêmelent sans que jamais rien ne détonne. Le seul film de cette année que j’ai revu à une semaine d’intervalle, toujours avec autant de plaisir.
Une œuvre qui a aussi déclenché en moi une passion nouvelle… pour la musique des 70’s.
Titane / La Nuée / Teddy
Le cinéma d’horreur “à la française” aura donné le meilleur de lui-même cette année.
Du body-horror avec La Nuée, au film de loup-garou (très drôle et touchant) avec Teddy… tout pour mener finalement à une apothéose du monstrueux avec Titane, l’inclassable, et sa palme d’or.
Halloween Kills
Si l’on exclut la radicalité et le sang neuf qu’avait apporté les deux opus de Rob Zombie, cela fait bien des années que je n’ai pas vibré face à un Halloween.
Halloween Kills, le renouveau ? Plutôt un slasher quelque peu régressif, second volet de la nouvelle trilogie lancée en 2018. Un film pantouflard, qui traîne la patte pour au final tenter maladroitement de se rattacher aux premiers films de la saga. Avec un intérêt… discutable.
On retrouve pourtant quelques moments de “bravoures” (comprenez : des meurtres) de Jason, et des thèmes pas inintéressants, mais trop dilués (le passage à l’hôpital, sur la haine de l’autre et l’effet de foule qui finalement tombe à plat dans la dernière partie).
Côté séries
I Know What You Did Last Summer
Remise au goût des films cultes de la fin des années 90, la série diffusée sur Amazon Prime n’a pas grand chose pour elle. Malgré son démarrage en trombe et ses inventions plutôt prenantes, passé le plaisir de découvrir le casting, la série se perd complètement en route.
De l’inconsistante, des retournements de situation anecdotiques, des acteurs qui ont l’air d’attendre avec impatience la pause catering dans (presque) toutes les scènes, et un final tellement surréaliste que j’en aurais cassé mon fauteuil. Plus que passable.
Chucky
LA vraie bonne surprise de cette année. Une série qui prend au sérieux le matériel de base, sans pour autant en faire une référence à ne pas dépasser en ne s’interdisant pas d’innover. Un ton assez léger, mais qui ne néglige pas d’offrir de vrais fragments émotionnels, et des morts marquantes.
Midnight Mass
L’expérimenté Mike Flanagan, (The Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor, Doctor Sleep…), offre là son oeuvre la plus personnelle. Comme auparavant, le deuil, la culpabilité… sont au coeur de Midnight Mass. A cela s’ajoute une réflexion autour de la religion et de la foi. Deux thèmes moins universels qui pourront en dérouter certains. Reste que la série, déchirante, fait preuve d’une maîtrise créative absolue, et d’un casting toujours aussi parfait. Parfois un peu traînarde, jamais poussive ni insipide.
En vrac
The Beauty of…. (Youtube)
La chaîne Youtube The Beauty of, qui met à l’honneur la beauté visuelle des films à travers de petits montages sobres et courts, a fait une compilation dédiée aux films d’horreur. L’occasion d’avoir une vue d’ensemble de la richesse et diversité du genre. On y retrouve Suspiria, Scream, Hellraiser, Rec, Grave Encouters…. et c’est à voir par ici.
Court-métrages
Alors que la réalisatrice Merryl Roche développe son premier long-métrage, je suis très curieux de ce qu'elle peut amener au body-horror à la française, pour l'instant dominé par Julia Ducournau. Nouvelle Saveur, son court-métrage sorti en 2019, montre déjà une pleine maîtrise, stylisée, des codes du genre.
J’ai aussi adoré le court-métrage Dieu n’est plus médecin, véritable introspection métaphorique sur le système médical français, qui joue là encore sur les déformations et les limites du corps humain.
Et en 2022 ?
L’année semble déjà bien amorcée, avec, dès les premiers jours, un nouveau Scream à se mettre sous la dent, l’excellent Ego qui a remporté le Grand Prix à Gérardmer ou l’étrange Lamb (qu’il faut que je rattrape). J’attends aussi Ogre, The Innocents (là aussi vainqueur de deux prix à Gérardmer), le septième Paranormal Activity (qui ne s’offrira apparemment pas de sortie en salles) ou Halloween Ends prévu pour clore la nouvelle trilogie en fin d’année. Et j’en oublie sûrement tout un tas.
Bref… de quoi prévoir un paquet de nouvelles newsletters… ! En espérant trouver moins d’excuses pour ne pas m’y coller.
Si vous avez lu jusque-là, félicitations ! Portez-vous bien, faites attention à vous, amusez-vous et à bientôt.
Rémy